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Le secteur automobile a affronté une année noire en 2012 avec une chute record de -13,9% d’immatriculations de voitures particulières. Pourtant, dans ce contexte de crise aiguë, les immatriculations de véhicules électriques sont en hausse de 115%, plaçant la France comme leader européen de la mobilité électrique en 2012.

Si ces résultats encourageants ont été possibles grâce à des évènements exceptionnels, ce pourrait être un bon signe pour les fabricants français, très présents sur ce segment.

2012 a été une année record pour le secteur de la mobilité électrique en France avec 5 663 véhicules particuliers et 3651 utilitaires immatriculés en électrique contre respectivement 2 630 et 1683 en 2011. L’Hexagone devient ainsi le premier marché des véhicules particuliers électriques en Europe avec 35% des ventes. Les véhicules hybrides ne sont pas en reste avec 27 730 immatriculations en France en 2012 soit une augmentation de 107 % par rapport à l’année précédente. Même si le marché du véhicule électrique ou hybride reste anecdotique, représentant à 1,4 % des ventes en France en 2012, sa forte croissance reste remarquable alors que le marché traditionnel de l’automobile s’effondre.

Les ventes records de véhicules électriques ont été réalisées grâce à deux phénomènes. Plus de 1500 BlueCar ont été mises en services pour Autolib’ à Paris (27% du marché) tandis que le groupe PSA a mené cet été une stratégie commerciale très agressive pour écouler ses Peugeot Ion et Citroën C Zéro, invendues à cause d’un prix encore inadapté. Côté utilitaires, le Kangoo ZE de Renault occupe le marché avec 82% des ventes en 2012.

Il faut souligner que le Twizy de Renault s’est imposé en 2012 comme le “véhicule électrique” le plus vendu, en France et en Europe avec plus de 9000 exemplaires vendus sur le continent. Hybride entre voiture et scooter, il n’est comptabilisé ni comme un véhicule particulier, ni comme un utilitaire, mais ses ventes représentent presqu’autant que chacun de ces deux marchés !

Le marché français est l’un des plus matures au monde selon McKinsey : le pays est classé troisième pays le plus favorable au développement des VE derrière le Japon et les États-Unis. Il faut reconnaître que l’État français fait preuve de volontarisme avec notamment une augmentation des bonus à l’achat de véhicules propres, les appels d’offre de l’UGAP[1], et une enveloppe de 50 millions d’euros allouée au déploiement des infrastructures de recharge. On recense aujourd’hui en France 1 473 bornes de charge contre 334 bornes à la même époque l’année dernière. Espérons que le standard de prise européen, enfin adopté en début d’année, ou le droit à la prise pour les particuliers puissent accélérer ce déploiement.

Les constructeurs français, eux aussi, ont fait le pari de l’électrique ou de l’hybride, ce qui leur permet d’être bien positionnés sur le marché européen. Renault a engagé près de 4 milliards d’euros dans le véhicule électrique et vient d’obtenir un prêt de 180 millions d’euros de la BEI pour la R&D dans les batteries et moteurs. En incluant le Twizzy, le constructeur a vendu 17 000 véhicules électriques en Europe en 2012 et espère beaucoup de la sortie de la ZOE. Renault est l’un des constructeurs automobiles les plus prometteurs dans l’électrique selon Pike Research. Il est classé n°2 mondial par le cabinet, derrière l’américain Chevrolet.

PSA, de son côté, mise plus sur l’hybride diesel et commercialise également quatre véhicules hybrides. Avec 22 000 exemplaires vendus en Europe en 2012, il revendique 14,2% des parts du marché européen des hybrides et 35% du marché français. Enfin, fort du sucès d’Autolib’, qui pourrait être rentable plus tôt que prévu, en 2014, Bolloré fait son entrée dans le monde des constructeurs auto avec 7% du marché français des véhicules électriques. Le groupe détient 100 % de la société Véhicules Electriques Pininfarina Bolloré, qui produit la BlueCar, et souhaite introduire en Bourse ses activités de voitures électrique et de batteries à l’automne 2013 pour conquérir de nouveaux marchés en autopartage (Lyon et une ville étrangère sont attendues pour 2013), pour des collectivités ou des particuliers.

Les technologies électriques pourraient donc être une voie de différenciation des constructeurs français et ce pari industriel pourrait permettre de se positionner à long terme sur le marché mondial. A condition que ce marché se développe réellement : si Renault campe sur une prévision de 10% du marché automobile 100% électrique en 2020, ce qui parait très difficile à maintenir, le consensus à 5% n’est guère plus cité. On constate que la grande majorité des constructeurs sont très attentistes vis-à-vis des véhicules électriques et préfère pour le moment se concentrer sur le downsizing voire l’hybridation électrique.

[1] Centrale d’achat publique destinée à équiper les services de l’Etat, les collectivités et des grandes entreprises française, pour donner une impulsion nécessaire à la filière