En 2016, 344 millions d’euros ont été investis dans les startups de la cleantech en France[1] dont une part conséquente dans l’énergie. Ces investissements, portés par des fonds spécialisés (Emertec, Demeter Partners, idinvest…), des corporate ventures (Air Liquide, Engie, EDF, Total…), ou des organismes publics (Caisse des Dépôts, BPI, Ademe,…) sont en progression, signe d’une vitalité de l’innovation dans ce secteur.
L’analyse de l’activité des startups de l’énergie permet de découvrir les dernières innovations technologiques, mais aussi d’identifier les grands axes de mutation, qui préfigurent le système et les usages énergétiques de demain : décarboné, décentralisé, digitalisé et stocké.

Décarboné

Les startups innovent en matière d’énergies nouvelles, autant en développant les sources qu’en optimisant la production.
Au-delà des énergies renouvelables solaires et éoliennes, aujourd’hui matures et basculées en phase industrielle, le développement du biogaz, des énergies marines ou encore de la conversion de chaleur ouvre une diversification plus large des sources d’énergie.
Les technologies développées par ces startups permettent ainsi d’exploiter de nouveaux moyens de production d’énergie ou d’optimiser des cycles préexistants.

Décentralisé

Le système énergétique connait une évolution progressive qui se matérialise par la transition d’une structure descendante à une structure davantage décentralisée et diversifiée.
Les offres des startups anticipent ce phénomène en proposant d’accompagner les particuliers, aujourd’hui plus nombreux à produire et auto-consommer via des outils de pilotage des consommations.
Sur la gestion des réseaux d’électricité ou de gaz, des technologies développées favorisent par ailleurs l’insertion des nouvelles productions ENR en contrôlant la qualité des injections ou en renforçant la précision des prévisions de productible. Le financement participatif se développe également pour contribuer à leur développement.
Enfin, certaines expérimentations sur la blockchain étudient les potentialités qu’elle pourrait offrir afin de faciliter la vente et l’achat décentralisés.

Digitalisé

Cet axe structurant de l’économie n’épargne pas le secteur de l’énergie grâce à des startups proposant plusieurs types d’offres qui favorisent l’émergence du consomm’acteur : outils software, hardware, domotique…
De nombreuses startups fondent leur activité sur l’exploitation des données pour optimiser les consommations énergétiques, chez soi, dans un parc immobilier, ou à l’échelle d’un quartier.
Certains de ces modèles de prévision ou de qualification reposent sur des capteurs permettant de collecter des données d’usages, d’autres sur des méthodes d’intelligence artificielle et de big data pour améliorer la finesse de l’analyse.

Stocké

La diversification des sources d’énergie, la décentralisation des moyens de production, le développement de l’autoconsommation, rendent nécessaire de renforcer la résilience des réseaux.
L’un des prérequis pour évoluer dans ce sens est de renforcer les modalités de stockage, au sein du système électrique, à l’interface entre plusieurs sources d’énergie ou encore adaptées aux usages finaux.
Des startups se positionnent sur des nouvelles technologies de batteries : nano-batteries, batteries intelligentes, stockage hydrogène et piles à combustibles… Les batteries au graphène, qui sont encore au stade de la recherche fondamentale en France, présentent aussi un fort potentiel.

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Nous remercions Olivier Bordelanne (Enertec) et Jules Besnainou (Cleantech Group) d’avoir accepté de partager leur expertise pour la rédaction de cet article.

[1] Selon Cleantech Group : Série A et B http://info.cleantech.com/GlobalCleantech100Report2017_GCT100Report2017Submit.html