Afin d’apporter des éléments de réponse dans un débat passionné, Atlante & Cie propose dans ce repère quelques chiffres clefs concernant le gaz et pétrole de schiste que contiendrait le sol français.

L’état réel des réserves françaises est encore approximatif : il n’existe à ce jour qu’une seule évaluation globale, réalisée par l’EIA (Agence gouvernementale américaine de l’énergie) à partir de données géologiques théoriques des sols. Il est à noter que ces estimations ont été fortement revues à la baisse suite à l’arrivée de nouvelles données concernant le bassin Sud-Est (Montpellier, Nice et Grenoble) : -24% entre 2011 et 2013. Seules des explorations permettraient d’établir la réalité des réserves contenues dans le sous-sol français et d’en évaluer le potentiel.

Réserves ne veut pas dire utilisation : les taux de productivité[1] et de récupération[2] dont dépend la quantité de gaz extraite sont extrêmement incertains et variables. Ils dépendent principalement des caractéristiques physiques des roches et des techniques d’extraction utilisées. Si, à ce jour, la fracturation hydraulique est la seule technique connue, rien ne dit que les réserves françaises présenteront des taux de récupération comparables à ceux des Etats-Unis (20 à 30%). Les incertitudes liées au pouvoir calorifique du gaz sont cependant moindres.

La répartition des réserves en Europe

Au regard de ces estimations, les bassins européens potentiellement riches en hydrocarbures de schiste se trouvent en Pologne et dans le Nord de la France. La France se place en position de leader pour le pétrole de schiste et en seconde pour le gaz de schiste (derrière la Pologne). Au niveau mondial, la France est sortie en 2013 du TOP 10 suite à la révision à la baisse par l’EIA de ses réserves.

Le cas Polonais

Selon l’étude de l’EIA, la Pologne présenterait les plus importantes réserves de gaz de schiste en Europe. Pionnière en Europe dans les forages exploratoires, la Pologne a dû néanmoins revoir fortement à la baisse ses ambitions de production. Estimées en 2011 à 5 300 milliards de m3, ses réserves sont aujourd’hui revues à la baisse avec 4 190 milliards de m3. Ces résultats exploratoires ont conduit le géant américain Exxon Mobil à quitter le pays.

 

Un choix politique

Selon un rapport de la Commission européenne datant de 2012, « la production de gaz de schiste ne rendra pas l’Europe auto-suffisante en gaz naturel. Dans le scénario le plus optimiste, les importations peuvent être réduites à un taux d’environ 60 % ». Cela pourrait alors constituer une bouffée d’oxygène pour la balance énergétique européenne.

Enfin, l’opportunité de la production de gaz de schiste demeure controversée de par ses impacts sur l’environnement mais le comité de prospective en énergie de l’Académie des sciences s’est récemment positionné en faveur de recherches scientifiques sur le sujet. Arbitrer entre risques écologiques et enjeux énergétiques et économiques : exploiter ou non les gaz de schiste est encore un choix politique.

[1] Taux de productivité : énergie utilisable/énergie dépensée pour son obtention (aussi appelé taux de retour énergétique)

[2] Taux de récupération : quantité de gaz extrait /quantité de gaz contenue