A l’occasion du sommet de Saint-Pétersbourg le 24 mai dernier, Total a signé pour une prise de participation de 10% dans le projet Arctic LNG 2, porté par Novatek, groupe gazier proche du Kremlin. Après Yamal LNG, il s’agit du deuxième gigantesque projet de gaz naturel liquéfié dans l’espace arctique russe dans lequel le groupe pétrolier investit.

Un choix stratégique du marché GNL en pleine croissance

Pour Total, ce nouvel engagement s’inscrit dans la volonté d’accroître son portefeuille GNL en renforçant sa position amont de la filière. Après avoir augmenté sa participation dans Novatek (20%), pris part au projet Yamal LNG 2 (20%), acquis les actifs GNL amont d’Engie, Total mise à nouveau sur un marché dont il prévoit une forte croissance. Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a exprimé son souhait de « gérer un volume de GNL de près de 40 millions de tonnes dès 2020, faisant de Total le deuxième acteur mondial du secteur parmi les Majors avec 10% du marché », après Shell.

Ce choix s’inscrit dans la stratégie gaz de Total qui mise sur une augmentation de la part du gaz dans le mix énergétique mondial, et un rôle prépondérant du gaz dans la transition énergétique, avec une ambition de porter la part du gaz dans le mix d’hydrocarbures du groupe à 60% d’ici 2035.

Le GNL constitue en effet un marché porteur, à la faveur de l’amélioration des technologies de liquéfaction et de transport le rendant économiquement viable, et apportant une flexibilité complémentaire aux réseaux de gazoducs pour la sécurisation des approvisionnements.

L’AIE prévoit qu’il représente plus de 40% de échanges de gaz naturel mondiaux en 2035 (contre 30,5% en 2010). Pour la Russie, les grands projets de GNL dans le grand nord permettait de se rapprocher du top 3 mondial : le Qatar, l’Australie et la Malaisie.

Panorama des exports mondiaux de GNL

De Yamal LNG à Arctic LNG 3, des investissements majeurs en Russie

Pour le projet Yamal LNG, porté par Novatek, le pétrolier chinois CNPC et Total, les contraintes étaient conséquentes : le financement, dans un contexte de sanctions économiques contre la Russie, l’absence d’infrastructure adéquate dans cette partie de la Russie, la nécessité de construire une technologie adaptée aux températures polaires… Malgré des difficultés logistiques rencontrées lors de la fabrication, le projet a été livré dans les délais, en partie grâce au constructeur français Technip FMC.

Pourtant, malgré ces contraintes, le GNL du nord russe est une garantie de revenus pour les acteurs engagés. Les régions de Russie sélectionnées abritent des ressources conventionnelles considérables et sont proches à la fois des marchés asiatiques et européens. La localisation dans la région arctique est le levier d’une forte baisse des coûts de production, le gaz devant être exposé à des températures proche de -160° degrés pour la liquéfaction. Pour le transport, le consortium a affrété des méthaniers brise-glace spécifiquement conçus pour naviguer dans les zones arctiques, capables de transporter les 16 millions de tonnes de GNL produits par an.

Proche de la péninsule de Gydan, le projet Arctic LNG 2, d’une capacité de production de 19,8 millions de tonnes par an, se matérialisera cette fois-ci par trois plateformes gravitaires, qui accueilleront les trois trains de liquéfaction, dont le premier entrera en activité en 2023.

Et ce projet ne sera pas le dernier, Total ayant acquis le droit de prendre une participation de 10 à 15% dans les futurs projets GNL de Novatek dans le grand nord russe, le prochain projet dans les tuyaux étant Arctic LNG 3.

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