Peut-on devenir leader de la transition énergétique quand on est un grand producteur de pétrole et de gaz ?

La Norvège est à la croisée des chemins, entre un secteur pétrogazier prépondérant sur les plans économiques et politiques et des opportunités significatives en matière de développement des technologies bas-carbone. Peut-elle effectuer une bascule et se positionner comme leader des technologies vertes ?

Un mix énergétique tourné vers le secteur du pétrole et du gaz

mix énergétique Norvège

Un contexte favorable à l’investissement vert

L’économie norvégienne ne dépend pas uniquement du secteur pétrogazier. Les revenus du secteur pétrolier (taxé à 78%) sont collectés par un fonds souverain, dont la valeur de marché en juin 2023 s’élevait à 1,4 milliard de dollars. Cela a permis de favoriser le développement d’une économie très diversifiée, avec un secteur tertiaire représentant 65 % du PIB en 2022.

La Norvège dispose par ailleurs d’un système politique solide. L’existence historique d’entreprises publiques avec des capacités opérationnelles, la différence de traitement entre les entreprises nationales et étrangères à travers la création de mesures protectionnistes, ou encore la mise en place de mécanismes institutionnels stables sont autant d’éléments qui ont permis à l’État norvégien de rester fort et de garder le contrôle sur l’exploitation de ses ressources naturelles.

Le pays dispose ainsi des fondations économiques et politiques nécessaires pour investir dans les technologies bas-carbone.

Des conditions propices au développement des technologies bas-carbone

La Norvège a réussi à décarboner sa production d’électricité, composée majoritairement d’hydroélectricité (88% de l’électricité produite en 2022), et à électrifier ses usages dans le secteur du bâtiment et dans le secteur industriel (l’électricité est respectivement utilisée à 84% et 45% dans ces deux secteurs en 2020).

Si l’économie norvégienne est en bonne voie vers la décarbonation, des défis subsistent encore, notamment dans l’industrie et les transports, qui représentaient respectivement 59% et 34% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2020.

Pour réduire ces émissions, des méthodes plus complexes et plus chères existent comme l’utilisation de technologies bas-carbone telles que l’hydrogène renouvelable ou le captage et stockage de carbone (CCS). Ces technologies pourraient être une solution envisageable et sont de plus en plus étudiées par la Norvège qui possède un certain nombre d’atouts en faveur de leur développement.

Opportunités investissement technologie bas carbone Norvgège

Pour en savoir plus sur ces technologies :

Avec le transport d’hydrogène, la création de nouvelles routes de la soie ? 

Captage et stockage du co2 : des raisons d’y croire ? 

A l’aube de la bascule

Si les technologies bas-carbone sont indispensables pour atteindre les objectifs des Accords de Paris en matière climatique, plusieurs facteurs freinent leur développement en Norvège.

Sur le plan financier, les coûts de l’hydrogène renouvelable sont encore trop élevés par rapport à ceux du secteur pétrogazier. L’hydrogène renouvelable souffre également d’un manque d’efficience énergétique avec des volumes de production encore peu compétitifs, et un manque de maturité technologique qui rend son développement plus risqué. Le manque de recul sur la technologie CCS soulève également des questionnements quant à leur capacité à ramener des rendements suffisants par rapport aux coûts investis sur les projets.

Alors que le secteur pétrogazier reste structurant dans l’économie Norvège, le pays fait face au défi de ré-imaginer son modèle énergétique. Pour réussir cette transformation, des subventions et un soutien politique seront nécessaires pour impulser le développement des infrastructures et, à fortiori, la mise en place d’un marché de l’hydrogène renouvelable et du CCS.

Mais la Norvège n’avance pas seule. Son virage vers le stockage de carbone est encouragé par l’intérêt qu’y portent d’autres pays, comme la France : un accord a été signé pour encourager le déploiement du CCS et permettre au CO2 capté de sites industriels français d’être stocké sur le plateau continental norvégien.